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Bartimée

Marc 10 v. 46-52

Jéricho la belle, enfouie au milieu de ses palmiers, Jéricho se laisse dorer par les derniers rayons du soleil couchant. Par petits groupes les gens quittent les rues marchandes où les boutiques sont fermées, les étalages de fruits et légumes rangés. Les soldats laissent passer les derniers paysans qui rentrent dans leur village puis lentement, ils ferment les portes de la ville. Ils regagnent maintenant leurs casernes pour la nuit. Les familles, les amis et les voisins se retrouvent entre eux, pour le repas du soir. Au centre ville, on voit des soldats qui se mélangent avec des marchands, des voyageurs et des filles autour des auberges. La soirée s’écoule, le temps passe, il n’y a maintenant presque plus personne dans les rues. Après une journée animée, Jéricho retrouve le silence, le silence de la nuit. On entend juste au loin les pas d’une patrouille chargée de parcourir les rues de la cité pour assurer la sécurité des habitants. A son approche, un homme s’est vite caché derrière un mur. Une fois les soldats passés, il repart. Cet homme marche lentement, d’une main il s’appuie sur un bâton, de l’autre, il tâtonne en avant. Ses habits...ses habits sont vieux, déchirés, autour de la tête il a un bout d’étoffe qui lui cache les yeux. Ses yeux sont malades, cet homme ne peut plus voir, il est aveugle. Aveugle de naissance ou aveugle suite à une maladie, on ne le sait pas, mais en tout cas, ça fait bien longtemps qu’il est ainsi. Il n’a pas de métier, personne ne veut lui donner de travail, alors pour vivre, il est bien obliger de tendre la main, en espérant que quelqu’un aura pitié de lui et lui donnera un peu d’argent. Aujourd’hui, il n’a pas reçu grand chose, un bout de pain peut-être. Il rentre chez lui triste et découragé. Chez lui, c’est un bien grand mot... il a son petit coin où il a l’habitude de dormir, c’est tout là-bas au fin fond de la ville, là où il est sûr de ne pas être dérangé par les soldats romains. Ils sont d’ailleurs plusieurs à dormir dans ce coin, des aveugles, des infirmes, tous des mendiants comme lui. Lui, il s’appelle Bartimée, il est le fils de Timée. Mais Timée n’est plus là pour s’occuper de son fils, Bartimée doit se débrouiller seul pour survivre. Le matin quand il se réveille avec déjà cette douleur de la faim, il ne sait jamais s’il trouvera quelque chose à manger. Il se couche par terre, se recouvre de son vieux manteau et écoute ses compagnons d’infortune.

- Tu te rappelles de Jésus ?

- Non, c’est qui ?

- Mais oui, tu sais, il est déjà venu à Jéricho. On dit de lui qu’il peut faire des miracles.

- Oh, encore un charlatan...

- Non, non, non, pas lui. Joseph le lépreux a été guéri, moi je ne l’ai pas vu, mais c’est Marc qui m’a raconté.

- Et alors, tu dis que Jésus est à Jéricho, qu’est-ce qu’il vient faire là ?
- Il parle aux gens de Dieu, d’amour, de pardon et il guérit des malades ! - Moi, en tout cas, je n’irai pas le voir... Je n’en crois rien !
- Réfléchis, tu devrais quand même essayer !

Bartimée a tout entendu, couché sur son manteau, dans la nuit qui dure depuis de si longues années pour lui. Quand il a entendu le nom de Jésus, c’est comme si une bouffée d’espoir venait remplir son cœur. Oui, il en a aussi entendu parler de Jésus, mais jamais il ne l’a rencontré. On dit que Jésus est un descendant de la famille royale de David, et il sait que le Messie qui doit sauver Israël, sera un fils de David. Alors, si c’était vraiment lui, Jésus, le Messie ? Jésus est à Jéricho, peut-être qu’après il ne repassera plus jamais par-là, alors Bartimée veut le rencontrer. Il veut lui parler et ...lui demander de retrouver la vue, car il croit, lui, que Jésus peut le guérir. Demain, demain il marchera, il courra même si c’est nécessaire, pour rencontrer cet homme.

Bartimée ne peut pas voir le soleil se lever, mais ce sont des petits bruits qui lui disent que la journée commence. Bien sûr il y a le coq, mais il y a aussi l’âne de la cour voisine et les

oiseaux. Alors Bartimée s’assied, il réajuste le bandeau sur ses yeux, prend son bâton et se lève. Dans son cœur, il y a beaucoup d’espoir, mais aussi un peu d’angoisse. Il pense au lendemain, est-ce qu’il sera toujours aveugle, est-ce qu’il devra toujours dormir là dans cette cour misérable? Ou alors est-ce qu’il sera guéri? Va-t-il pouvoir rencontrer Jésus aujourd’hui, est-ce que Jésus est vraiment à Jéricho ? Et si ce n’était que des faux bruits ? Bartimée ralentit le pas, il baisse la tête...et si Jésus n’était pas là... D’ailleurs tout est si calme, s’il était là, il y aurait plus d’animation dans la rue ! Bartimée espère, mais en même temps, il a si peur d’être déçu... Il décide de s’installer vers la grande porte, celle qui est entre la ville haute et la ville basse. Là, il y a toujours beaucoup de monde et si Jésus est à Jéricho, il passera sûrement par cet endroit.

Peu à peu les gens se font plus nombreux, des charrettes passent, des enfants courent, personne ne fait attention au mendiant qui est assis vers la porte. Mais Bartimée, ce matin- là, ne pense peut-être même pas à tendre la main pour recevoir l’aumône. Il écoute les moindres bruits, il essaie même d’entendre ce que les gens se disent entre eux, peut-être que quelqu’un parlera de Jésus ? Bartimée a bien essayé de poser la question à des passants, mais personne ne lui a répondu, ou alors les gens n’en avaient aucune idée. Le temps passe, l’inquiétude de Bartimée augmente. Il y a maintenant beaucoup de monde, Bartimée qui connaît cet endroit, trouve même qu’il y en a plus que d’habitude, oui toute cette foule...c’est inhabituel ! Son cœur se met à battre un peu plus fort, il prend son courage à deux mains et essaie d’arrêter quelqu’un pour lui demander ce qui se passe. Une première personne, mais elle s’arrache aux mains du mendiant et continue la route. Il essaie encore :

- S’il vous plait, s’il vous plait, dites-moi ce qui se passe ? Pourquoi y-a-t-il autant de monde ?

Il se fait bousculer et c’est de justesse qu’il ne tombe pas par terre... - Monsieur, Monsieur, Madame, que se passe-t-il ?
- Mais Monsieur, c’est Jésus de Nazareth qui arrive.
- Oh, dis-moi, c’est vrai ? Tu le vois, il est là ?

- Non...je suis trop petit, mais je vais essayer de monter sur ce mur... voilà, là je vois tout !

- Alors, tu le vois Jésus ?

- Non...ah, ça doit être lui qui descend là-bas avec ses disciples, il arrive !

Alors Bartimée se redresse autant qu’il peut, il lève son bâton et se met à crier aussi fort qu’il peut :

- Jésus, Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi !

- Mais tais-toi, arrête de crier si fort ! Allez, recule, laisse-nous la place !

Bartimée est poussé loin derrière les gens, mais personne ne peut l’empêcher de crier et il crie encore plus fort :

- Fils de David, Jésus, aie pitié de moi !

Tout à coup, Bartimée se rend compte que les gens autour de lui se sont arrêtés et qu’ils se taisent, alors il essaie encore une fois d’appeler Jésus :

- Jésus, Jésus, aie pitié de moi !

- Il vous a entendu, il s’est arrêté et il regarde vers vous... Quelques amis de Jésus alors vont vers l’aveugle :

- Aie bon courage, viens, il t’appelle.

Oh, Bartimée est si heureux, qu’il jette au loin son manteau et se dirige vers Jésus. Il est tout prêt maintenant et il entend la voix de Jésus. Jésus lui parle à lui, un pauvre mendiant de Jéricho, un aveugle que tout le monde ignore d’habitude.
La foule forme un cercle autour du Seigneur Jésus et de Bartimée. Jésus a peut-être posé sa main sur l’épaule de l’aveugle et il lui demande avec douceur:

- Que veux-tu que je te fasse ?

D’une voix un peu tremblante, Bartimée va alors dire cette petite phrase qu’il s’est tant de fois répétée tout au long de la journée...

- Seigneur, fais que je voie de nouveau.

- Va, Bartimée, ta foi t’a guéri !

Bartimée a le cœur qui bat à toute allure, oui, pour la première fois depuis de longues années, il voit un peu de lumière, alors les mains tremblantes il enlève son bandeau qui cachait ses yeux malades et là, tout éblouit, il voit Jésus son Sauveur. Il tombe à genoux devant lui, car il sait que le Seigneur Jésus est vraiment le Fils de Dieu, le Messie qui vient délivrer son peuple. Il sait qu’il lui doit tout, sa vie, sa guérison et le pardon de ses péchés. En cet instant, lui Bartimée, qui n’a peut-être jamais pu aller à l’école, a compris quelque chose d’extrêmement important que bien des prêtres et chefs religieux ne connaissent pas encore malgré leurs longues études. Bartimée se relève, il regarde lentement autour de lui en plissant les yeux tant il est encore ébloui par cette nouvelle lumière. Et il voit tous les gens qui sont là, il voit le petit garçon perché sur son mur et qui visiblement est encore tout étonné par ce qui vient d’arriver. Alors Bartimée va encore parler fort, très fort, presque autant qu’avant, mais cette fois-ci, il loue Dieu pour sa grandeur et pour son amour. La foule tout autour se joint à lui et tous ensemble ils donnent gloire au grand Dieu des cieux et à son Fils Jésus-Christ.

Jésus continue son chemin entouré de ses disciples, Bartimée cette fois-ci, n’a plus peur de se faire bousculer par la foule, il s’avance remplit d’une immense joie à la suite de son maître. Sa vie est transformée, il ne connaîtra plus la misère, il n’aura plus besoin de mendier pour pouvoir vivre. Plein d’espoir pour les jours à venir, il pense peut-être aussi à ses anciens compagnons d’infortune qui n’ont pas voulu rencontrer le Seigneur Jésus. Eux, ils sont encore aveugles, infirmes, boiteux, alors on peut imaginer que Bartimée a décidé de retourner encore une dernière fois dans leur cour pour leur parler de sa guérison. S’ils le voient lui, Bartimée encore aveugle ce matin, mais maintenant voyant, ils croiront, oui ce n’est pas possible autrement. Et peut-être alors qu’ils pourront encore rencontrer le Seigneur et qu’ils pourront être guéris ! Vite Bartimée se dépêche.

Ne manquons pas de faire comme Bartimée qui a loué le Seigneur pour ce qu’il avait fait pour lui. C’est vrai que le Seigneur Jésus n’a peut-être pas eu besoin de te soigner les yeux, mais il t’a guéri de la maladie du péché, une maladie qui te menait à la mort. Il t’a montré un nouveau chemin, le chemin de la vie éternelle. Oui, pour ça tu peux le louer, et tu peux en parler autour de toi. Il y a encore tellement de gens qui cherchent ! Ils ne sont pas aveugles, non ils sont en bonne santé, peut-être même qu’ils ont tout ce qu’ils peuvent désirer, mais ils ne savent pas quel sens donner à leur vie, ils ne savent pas d’où ils viennent ni où ils vont ! Toi qui connais le Seigneur Jésus, tu peux leur dire que lui est le seul chemin de la vérité. Tu peux leur dire ce que Jésus a fait pour toi. Jésus a dit une fois : Je suis la lumière du monde ; et tant qu’on n’a pas vu cette lumière, c’est un peu comme si on était aveugle. Le Seigneur nous demande aujourd’hui d’être cette lumière dans le monde qui éclaire et qui indique aux hommes le chemin de la vérité et de la vie.